Afrique & UNGA-80 : Enjeux majeurs, impacts pour l’entreprise et pistes innovantes

La 80ᵉ session de l’Assemblée Générale des Nations Unies (UNGA-80), tenue en septembre 2025, a été marquée non seulement par des engagements mondiaux, mais aussi par des revendications fortes des pays africains autour de la justice climatique, de la réforme financière, de la gouvernance numérique, de la dette, et de l’inclusivité économique. Pour les dirigeants d’entreprises africaines, la jeunesse africaine, ces discussions ne sont pas abstraites : elles dessinent un avenir proche où les capacités à innover, à s’adapter, à participer activement aux chaînes de valeur globales deviendront différenciantes.

Cet article passe en revue les principaux thèmes soulevés par l’Afrique durant UNGA-80, leurs implications pour l’entreprise et l’emploi, et propose des solutions innovantes pour que le continent ne soit plus un simple bénéficiaire, mais un acteur majeur dans la mondialisation.

Les enjeux africains mis en lumière à l’UNGA-80

  1. Réforme de l’architecture financière internationale & dette

    • Lors de UNGA-80, plusieurs leaders africains ont demandé une réforme urgente du système financier international, notamment pour alléger le fardeau de la dette qui étouffe les budgets publics et limite les investissements. ENA English+2The Africa Scorecard+2

    • Exemple : Nigeria a fait une forte demande de « sovereign debt relief » afin de libérer des ressources pour le développement économique, l’éducation, la technologie. Nairametrics+1

  2. Justice climatique & financements pour l’adaptation / pertes et dommages

    • L’Afrique souffre disproportionnellement des effets du changement climatique (inondations, sécheresses, hausse des coûts liés aux catastrophes). Les dirigeants ont insisté sur le respect, le renforcement et l’accélération des promesses de financements climatiques non seulement pour l’atténuation, mais pour l’adaptation et les pertes & dommages. The Guardian+3The High Ambition Coalition+3Reuters+3

    • AFDB (Banque africaine de développement) a ces jours-ci pressé pour un financement accru, partenariats plus forts, notamment pour infrastructures résilientes au climat. African Development Bank Group

  3. Transformation numérique, gouvernance de l’IA, et souveraineté des données

    • Le Symposium « Forward Africa Leaders » (tenu pendant UNGA-80) a souligné la nécessité d’une législation harmonisée africaine pour gouverner la transformation numérique, pour que l’IA soit transparente, inclusive et bénéfique à tous. Pan-African Parliament

    • Le Parlement panafricain travaille à renforcer ses capacités sur la gouvernance de l’IA et la transformation digitale, pour que les lois et régulations soient en phase avec les réalités africaines. Pan-African Parliament

    • L’importance de la souveraineté des données (où les données sont stockées, traitées, par qui, pour quelles finalités) a été fortement plaidée. Pan-African Parliament+1

  4. Jeunesse, emploi, inclusion & transformation démographique

    • Les jeunes africains représentent une grande proportion de la population. À UNGA-80, on a entendu des appels à transformer la croissance démographique en moteur économique (création d’emplois pour jeunes, formation, compétence digitale, entrepreneurship). African Development Bank Group+1

    • Les pays demandent plus de partenariats public-privé, plus de financement concessionnel, plus d’investissements dans l’éducation, les infrastructures digitales pour réduire la fracture numérique. African Development Bank Group+2Pan-African Parliament+2

  5. Paix, sécurité, stabilité politique comme condition du développement

    • Somalie, entre autres, a présenté ses progrès (relief de la dette, reconnaissance au Conseil de Sécurité) mais a aussi mis en garde que la fragilité persiste, que les menaces sécuritaires (terrorisme, conflits internes) continuent de freiner le développement. Union Africaine

Des organisations régionales (SADC, etc.) ont rappelé que sans stabilité, rien ne se construit durablement — secteurs privés, infrastructure, RH, formation ou industrie pâtissent beaucoup des conflits ou de l’instabilité. SADC+1

Impacts pour les entreprises, l’employabilité et l’ecosystème RH

Enjeu principal

Impacts pour l’entreprise / employabilité

Dette & finance limitée

Moins de marge de manœuvre pour investir dans la digitalisation, la formation, le recrutement, ou les salaires compétitifs; les entreprises locales peuvent être confrontées à des coûts de financement élevés.

Justice climatique & adaptation

Besoin d’industries “vertes” : énergie renouvelable, agriculture durable, infrastructures résilientes – ce qui ouvre des opportunités d’emploi et de montée en compétences.

Gouvernance numérique & IA

Demande de compétences en IA, data, cybersécurité ; entreprises devront adopter des pratiques respectueuses de la confidentialité, de l’éthique ; DRH devront intégrer ces compétences dans les formations.

Jeunesse & inclusion

Pression pour recruter des jeunes, femmes, communautés marginalisées ; nécessité de programmes de formation adaptés, d’apprentissage, d’upskilling ; renouvellement générationnel des compétences.

Paix & stabilité

Les entreprises cherchent des environnements sûrs pour opérer; instabilité politique freine investissements et expansion régionale; les RH doivent gérer les risques, planifier pour la résilience.

Pistes de solutions innovantes pour changer la donne

  1. Institutions financières africaines renforcées & mécanismes de financement nouveaux

    • Créer ou renforcer des agences africaines de notation / de crédit pour que les pays africains obtiennent de meilleurs taux à l’international, réduisant le coût du capital. ENA English+1

    • Développer des instruments de dette conditionnelle durable : dette liée à des résultats tangibles en santé, éducation, climat, inclusion.

  2. Plateformes continentales de financement vert et soutien à l’adaptation

    • Mettre en place un fonds paneafricain pour pertes & dommages climatiques géré par l’Union africaine.

    • Programmes ciblés pour infrastructure résiliente, technologies renouvelables, accès à l’eau, solutions de stockage d’énergie.

  3. Gouvernance numérique & souveraineté des données comme levier stratégique

    • Loi modèle africaine sur la gouvernance de l’IA, adoption harmonisée au niveau des États membres pour garantir standards éthiques, transparence, protection des données. Pan-African Parliament+2Pan-African Parliament+2

    • Infrastructures locales de traitement des données (edge computing, cloud souverain) pour éviter dépendance et extraction de données.

  4. Jeunesse, éducation et innovation locale

Avec plus de 60% de sa population âgée de moins de 25 ans, l’Afrique a fait de l’investissement dans l’éducation et la formation un point central. Mais les dirigeants ont insisté : l’éducation doit être reliée à l’innovation et à l’emploi local.

Encourager l’entrepreneuriat jeune, incubateurs technologiques et labs locaux pour stimuler l’innovation

Un des leviers les plus décisifs pour rompre avec la dépendance aux matières premières est de faire de l’Afrique un foyer d’innovation locale, porté par sa jeunesse. Cela passe par :

  • Entrepreneuriat jeune : offrir aux jeunes porteurs d’idées formation, mentorat et financements pour transformer leurs projets en startups viables.

  • Incubateurs & labs locaux : non seulement coworking, mais aussi R&D, industrialisation légère et chaînes de valeur locales.

  • Production de valeur ajoutée en Afrique : cacao → chocolat, coton → textile, minerais → composants électroniques. L’Afrique doit capter la valeur ajoutée localement, au lieu d’exporter ses matières brutes et d’importer des produits finis.

  • Hubs technologiques panafricains : l’initiative Timbuktoo du PNUD illustre cette dynamique. Timbuktoo vise à créer des hubs sectoriels à travers l’Afrique, comme le GreenTech Hub au Kenya, le ManuTech Hub en Éthiopie ou le FinTech Hub au Nigéria, afin de stimuler l’innovation locale et de connecter les startups africaines aux chaînes de valeur mondiales. (voir le programme Timbuktoo)

En positionnant ces hubs comme des ponts entre innovation, production locale et création d’emplois compétitifs, l’Afrique peut passer du statut de consommateur passif à celui de créateur actif de valeur mondiale.

 

  1. Alliances public-privé pour clarté réglementaire & stabilité

    • Incitations fiscales / réglementaires pour entreprises investissant dans les transitions verte & numérique.

    • Politiques de soutien aux PME/ETI dans l’adoption de technologies durables.

  2. Paix, sécurité, responsabilité sociétale comme facteurs de résilience

    • Intégrer la gestion des risques politiques, sécuritaires, climatiques dans le business model des entreprises.

    • Créer des programmes d’emplois pour jeunes dans les zones fragiles, associant développement économique et stabilisation.

Références académiques et institutionnelles

 

  • Selon un rapport conjoint ONU-CU-UA (UN-Africa Union) publié en 2024, l’Afrique aura un déficit de 2,5 trillions USD d’investissements climatiques d’ici 2030. Reuters

  • Article “Empowering Africa: An In-depth Exploration of the Adoption of Artificial Intelligence Across the Continent” (2023) examine les usages actuels, défis d’infrastructure, contraintes réglementaires, et propose des partenariats public-privé et des cadres de gouvernance responsables. arXiv

  • Études sur la Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection des données personnelles montrent que les pays africains diffèrent beaucoup dans leur avancement, certains ayant des lois solides, d’autres inexistantes ou peu appliquées. Harmonisation et renforcement des autorités de protection des données sont souvent recommandés. arXiv
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